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Exposition

A la recherche du bonheur  

LUISA FUTORANSKY

M’arrêter devant les toiles qui composent cette présentation de Cristina Ruiz
Giñazu intitulée A la recherche du bonheur et poser à nouveau - pas
seulement à voix basse - la question que les vers de La Terre Vaine de
T. S. Eliot font résonner dans ma mémoire, fut pour moi une seule et
même chose.

Quel est donc ce troisième qui marche à ton côté ?
Lorsque je compte il n’y a que nous deux
Mais lorsque je regarde au loin la route blanche
Il y a toujours un autre qui glisse à ton côté…
Qui est-ce donc qui marche à ton côté ?

Catégorique et passionnée, Cristina répond quant à elle que depuis
longtemps son compagnon de voyage est Baruch Spinoza.
J’essaye de saisir ce qu’ils ont en commun, ce qui relie celui qui
luttait pour détourner l’esprit des hommes des ombres liées à leurs
croyances et à leur éthique – et donc à leur esthétique - et le chemin
artistique dans lequel s’engage ici Cristina.
Tout d’abord, l’homme dont le visage apparaissait il y a peu encore sur
les billets de mille florins et l’artiste argentine ont en commun la
Hollande. Un pays vers lequel ils ont migré, un pays où s’est enraciné
le ciel de leur intimité. Quatre cents ans à peine les séparent. Les
bouleversements qui les rapprochent sont inséparables des origines de
l’un et de l’autre. Il est question de comprendre la réalité, les causes
du bonheur et du malheur. En somme, la recherche du bonheur.
La devise de Spinoza est dépouillée : deux initiales BD (le
B de Baruch ou de Bendito De Spinoza comme on l’écrivait à l’époque), au
centre une modeste fleur et dessous, en lettres claires et pleines,
CAUTE.
Prudent, prudente ?

Caute est le titre de l’une des toiles clés de cette exposition. Une
jeune fille de dos, sur un fond dépouillé - deux tons de gris - court
vers la lumière que lui promet une femme, pas si lointaine, qui se tient
tel un phare, vêtue seulement de sa propre chevelure et tenant au-dessus
d’elle rien d’autre qu’un insigne…  pas d’énigme, il s’agit de CAUTE.
Cette fille atteindra-t-elle sa destination? Les mystères, on le sait,
peuvent se résoudre ou bien s’obscurcir. En guise de bracelet la jeune
fille qui court porte un livre à son poignet. À mesure qu’elle court, le
livre s’entrouvre.                                                       
Et elle nous invite à nous laisser séduire comme
Cristina Ruiz Guiñazu par les mots de Spinoza et à l’accompagner dans la
lecture de ces œuvres d’une exécution parfaite et lumineuse et gravide
de contenus.
Par exemple dans La Pierre : la petite fille qui lance à la mer de ce
ciel si argentin une grand pierre à ricochets. Dans quatre siècles, cette
pierre lui reviendra-t-elle ? L’innocence sera-t-elle restée enfouie au
fond d’un canal sombre ?

Lors d’un entretien diffusé récemment sur RFI, l’antenne internationale
de Radio France, Cristina expliquait qu’elle était à la recherche de la
poussière dont sont faites les étoiles.
Baruch Spinoza recueillait la poudre de diamant, la poussière de verre
avec laquelle il confectionnait ses lentilles.
Les deux veulent que le monde voie la réalité avec davantage de bonne
foi.
Et les deux, polissent, polissent…



Sébastien Béney

 

 

 

Cristina RUIZ GUINAZU

A la recherche du bonheur

Peintures

Du 7 juin 2019 au 7 juillet 2019

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